2016 a été dominée par le cloud, émergeant dans la quasi-totalité des offres ERP. Pour autant, son adoption par les entreprises reste encore très timide, comme l'ont d'ailleurs montré les résultats de l'enquête de satisfaction menée par le CXP en partenariat avec erp-infos.com (voir Étude ERP du CXP 2016) : en matière d'ERP, le on-premise demeure très majoritaire, avec 78 % des installations (contre 84 % l'année précédente). Seules 14 % des installations résident sur des serveurs distants, en mode cloud, SaaS ou en hébergement dédié et 2 % des répondants ont adopté une solution hybride.
Dans le cloud, on a vu émerger Netsuite au travers de la filiale Cloud ERP Solutions (CES) de Capgemini, créée fin 2015 mais qui n'a véritablement démarré son activité qu'en début d'année. Son succès reste cependant aujourd'hui encore timide. Dans le même temps, Infor a poursuivi sa stratégie cloud et proposé des accélérateurs de migration vers le cloud (cf. Infor veut booster le mouvement vers le cloud) et "cloudifié" un certain nombre de ses produits, comme LN (cf. Infor optimise LN pour le cloud). De son côté, Sage a lancé la version cloud de son ERP X3 (cf. Sage X3 enfin disponible dans le cloud). Hébergée chez AWS (Amazon Web Services), la version proposée dans le cloud est exactement le même que la version on-premise, "parce qu'il ne faut pas créer de disruption", estime Serge Masliah, directeur général de Sage France. Et elle reste mono-tenant, c'est-à-dire qu'il s'agit plus d'hébergement que de cloud. Et même si Isabelle Saint-Martin, chef du marché ERP, estime "qu'il y a une forte demande", le sentiment général reste qu'on a l'impression que Sage va encore et toujours vers le cloud à reculons.
Certains, comme Qualiac, n'y vont pas du tout : "sur tous les cahiers des charges que nous traitons, soit une cinquantaine dans l'année, il n'y a pas une seule demande de cloud", nous disait Claude-Emmanuel Chapelan encore récemment (voir Un club très consensuel). Mais il précise que "Qualiac ne souhaite pas s'orienter vers le SaaS, car nous estimons que ne n'est pas un modèle économique que l'on peut proposer sur de l'ERP. En revanche, s'agissant du cloud, nous avons depuis plus d'un an une plate-forme qui tourne sur Amazon Web Services". Une plate-forme qui ne remporte que peu de succès, selon nos sources.
Le cloud, toujours encore tiré par le SaaS, et qui fait la Une de tous les magazines spécialisés, ne serait pas un modèle économique adapté aux ERP ? Pourtant, certains, comme Moustache Bikes, y sont allés... enfin presque : ils ont adopté la solution Sylob 5 dite "dans le cloud", qui est, elle aussi, plus une solution hébergée que véritablement cloud (voir Lorsque le vélo s'appuie sur le nuage). Et IFS, lors de son événement World Conference 2016, a annoncé que 34 % de ses nouveaux clients choisissaient la version cloud d'IFS Applications (cf. 34 % des nouveaux clients IFS choisissent la version cloud).
De son côté, SAP vocifère à qui veut l'entendre qu'il est le champion toutes catégories du cloud. Certes, les activités de Successfactors et autres Ariba sont naturellement orientées cloud, ce qui permet au géant allemand de revendiquer 110 millions d'utilisateurs dans le cloud, mais les solutions ERP sont désormais aussi proposées – et utilisées – dans le nuage. Par ailleurs, SAP a également lancé une nouvelle génération de sa base de données in-memory HANA, annoncée comme apportant une nouvelle base pour la transformation numérique (cf. SAP lance la nouvelle génération de HANA).
D'autres, comme Divalto, ont fourbi leurs armes pour "devenir un 'pure-player' du CRM" (cf. Divalto se donne les moyens), conformément aux nouvelles orientations stratégiques qui avaient été annoncées en fin d'année précédente, en créant notamment une nouvelle Business Unit dédiée. Parallèlement, Idylis a été rebaptisée est est appelée idylis.com depuis le 1er janvier 2017, pour mieux coller à son marché, signant en cela l'importance accordée par Divalto à sa communication (cf. Idylis change de nom).
La transformation numérique
En 2016, cet autre thème majeur et récurrent a véritablement décollé est en devenu omniprésent. Pour expliquer comment réussir cette transformation, nombreux sont les prophètes en la matière, comme CA Technologies, par exemple, qui préconise entre autres de définir une vision et une stratégie, de recruter des talents adaptés, de savoir reconnaître les signes de réussite, de faire preuve d'agilité, d'intégrer l'approche à la culture de la DSI (voir La transformation numérique dans les entreprises françaises). Une transformation numérique qui revêt des aspects différents en fonction des pays (cf. Transformation numérique : une réalité très différente au sein des pays européens) mais aussi en fonction du secteur concerné (cf. La transformation numérique et la distribution omnicanal).
Le forum du CXP est devenu le forum du numérique (voir Un forum très ERP), un forum au cours duquel les sessions autour des ERP ont été nombreuses et où le thème de l'ERP dans le cloud n'a pas manqué d'être évoqué, avec des avis assez divergents selon les intervenants. Quoi qu'il en soit, la transformation numérique tend désormais à revêtir un caractère incontournable, comme cherchent à le démontrer nombre d'étude, comme celle-ci par exemple.
L'Open Source maintient le cap
Les ERP en Open Source continuent leur petit bonhomme de chemin, sans connaître une adhésion phénoménale, mais ont toujours un public, même s'il ne s'agit pas du système remportant le plus de succès dans ce monde. Ainsi avons-nous publié le cas assez notable du fournisseur et distributeur d'électricité et de gaz Sorégies (Sorégies bascule vers un ERP Open Source) et nous sommes-nous penchés sur le cas de l'éditeur Axelor (Axelor accélère).
Consolidation du marché
Au chapitre des rachats, fusions et acquisitions, l'année a une fois de plus été riche. Citons le rachat de Runbook, fournisseur européen de solutions financières d'automatisation pour les entreprises utilisant SAP, par Blackline, celui de la start-up IKO System par Sidetrade, des sociétés Girus et Cree par le groupe Elcimaï ou encore de Merit Globe par Infor.
Le spécialiste de l'analytique Qlik s'est fait racheter par le fonds d'investissement Thoma Bravo pour 3 milliards de dollars et Sylob par le groupe Forterro. Rappelons que Forterro était déjà possesseur de Jeeves et de Solvaxis.
Enfin, Codilog a poursuivi sa croissance externe en prenant une participation majoritaire dans le capital de LIB Consulting et Esker a renforcé ainsi sa présence dans le monde de l'EDI en rachetant la société e-integration.
De son côté, Cegid a vu Silver Lake et AltaOne Capital prendre une participation de 37,6 % en rachetant les parts de Groupama, Groupama Gan Vie et I.C.M.I. Cette opération n'a pas empêché Cegid de poursuivre sa stratégie de croissance externe, en prenant par exemple une participation dans la start-up brestoise eDoc Group. Cegid finance également les investissements d'innovation de la start-up et a la faculté de détenir, à terme, 100 % de la société.
Les clubs utilisateurs toujours actifs
En début d'année, le CMIT (Club des directeurs Marketing et communication de l'IT) avait réuni des experts du marketing IT pour débattre des objectifs des clubs d'utilisateurs, du recrutement d'utilisateurs au sein de ces clubs et du degré d'autonomie qu'un éditeur pouvait leur laisser (voir Club utilisateurs : les bonnes pratiques).
Sur le terrain, les clubs sont restés vigilants et actifs, et en particulier l'USF (club des Utilisateurs Francophones de SAP), qui a – entre autres – publié une étude de satisfaction des entreprises à l'occasion de sa convention annuelle de Nancy, les 12 et 13 octobre (cf. Les utilisateurs de SAP donnent de la voix). Entre S/4 HANA, les relations commerciales, les multiples facettes de l'innovation de l'éditeur, les audits de licences ou encore le niveau d'information des utilisateurs, pour n'en citer que quelques uns, les sujets ne manquent pas et l'USF ne se prive pas de dire haut et clair ce qu'elle a à dire.
Mais, chacun à sa manière, les clubs utilisateurs jouent leur rôle de fédérateur de la communauté concernée, d'échange et de partage entre les adhérents, l'éditeur et l'écosystème. Celui dédié à Microsoft Dynamics, par exemple, joue à plein ces rôles (voir Un club très Dynamics) tandis que celui de Qualiac cultive une relation plus symbiotique avec l'éditeur, pour le plus grand bénéfice de ses membres (voir Un club très consensuel).
Signalons enfin que Panaya, éditeur spécialisé dans la gestion des montées de versions d'ERP, a organisé sa première conférence utilisateurs en France) en début d'année.
Au-delà de tous ces événements, l'année a bien entendu également été riche en annonces produits, que nous ne pouvons vous détailler toutes ici. Mais notre site les recense toutes ; nous vous engageons à vous y référer.
Benoît Herr